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21/08/2013

"Jeune & jolie" : interdit de réfléchir ?

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Un symptôme de société :  

 


 

Le film de François Ozon a tout du symptôme de société. D'abord par son sujet [*], résumé par un quotidien : «Isabelle est à l'instant de sa vie où elle se tient au bout du plongeoir (…) Après s'être débarrassée d'un encombrant pucelage avec un joli mais pas très adroit touriste allemand pendant les vacances, elle a la désagréable surprise de constater que cela n'a en rien changé le cours de son existence. Alors, à la rentrée des classes, Isabelle se lance dans la prostitution de luxe, séchant un cours par-ci par-là pour faire des passes dans des hôtels chics... »

Ensuite, par son traitement. Le film « n'affirme rien », écrit un journaliste : « au fond Isabelle ignore pourquoi elle s'inflige cette violence, si ce n'est que, pour la première fois de sa vie, elle n'a de comptes à rendre à personne, sauf à elle-même ».

Enfin, par les propos d'Ozon lui-même : son film, dit-il, essaie « d'échapper à toute explication psycho-sociologique ». Voilà donc (de l'aveu de son auteur) l'histoire d'un effet sans causes... Fille de bobos aisés, l'ado fait des passes dans les grands hôtels, mais ce comportement n'a pas d'origines : ni psychologiques, ni sociologiques. Ou bien le cinéaste ne s'y intéresse pas. Dans ces scènes de sexe, il n'a voulu, dit-il, que « révéler, avec respect et élégance, les émotions et les sentiments qu'elle traversait ».

Récapitulons. « Ne rendre de comptes à personne sauf à soi-même », c'est ce que la publicité commerciale de masse promet au client des hypermarchés ou des clubs de vacances, à l'acheteur de voiture ou de smartphone... Ne rien analyser mais se borner à « révéler des émotions », c'est aussi la norme imposée à notre sous-culture par la publicité commerciale de masse. Le mental de François Ozon ressemble au consumérisme et à la philosophie des agences. Notre société libérale pousse l'individu à s'émietter en pulsions sans rien chercher à comprendre : c'est ce que le synopsis du film appelle « choisir de vivre pleinement », et c'est l'idéologie amorphe de nos leaders d'opinion.

Un des journalistes [2] devine que Jeune & jolie est un symptôme. Le néant de conscience chez l'héroïne, dit-il, « a quelque chose à voir avec Elephant, le film de Gus van Sant : les deux gamins qui massacraient leurs condisciples n'avaient aucune idée de ce qui les poussait à passer à l'acte meurtrier. Isabelle, elle non plus, ne sait pas... »  Interdit de réfléchir.

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[1] Synopsis officiel : « Jeune fille de bonne famille, Isabelle est impatiente de vivre sa première expérience sexuelle. Un soir, lors de vacances en famille sur la Côte d'Azur, elle perd sur une plage sa virginité sans éprouver le moindre plaisir. L'automne suivant, dans les beaux quartiers parisiens, cette adolescente de 17 ans décide de vivre une aventure interdite en s'adonnant à la prostitution. Très vite, elle se prend au jeu et multiplie les rendez-vous par internet. Au fil des saisons, Isabelle fait du sexe son passe-temps. Malgré l'incompréhension de sa famille et de ses amants passagers, la jeune femme choisit de vivre pleinement sa propre sexualité. »

[2] Bruno Icher, Libération, 21/08.

 

 

 

Commentaires

LE RELATIVISME EST TOTALITAIRE

> La stratégie du réalisateur anticipe adroitement la critique: toute remarque sur cette dimension "interdit de réfléchir" pourra aisément être balayée par ses soins (ou ses thuriféraires) comme une insupportable offensive de l'ordre moral qui ose juger l'individu moderne occupé à chercher son dealer de drogue-plaisir.
Ne pas réfléchir, ne pas analyser, ne pas penser, est un excellent moyen de "ne pas juger", c'est-à-dire de se claquemurer dans le Relativisme absolu qui est le dogme de notre temps. "Tout se vaut, tout est égal, tout est également respectable, tout est également bien et rien n'est mal: il n'y a qu'à regarder ce qui existe, le décrire et en prendre acte, en gardant à l'esprit que personne ne doit être appelé à répondre de ses actes, car ce serait déjà l'ordre moral."
Et pourtant, quel terrifiant, quel totalitaire ordre moral que ce dogme qui interdit de porter un regard positif ou négatif sur les comportements les plus délirants, les plus abstrus, les plus infâmes, les plus irresponsables - les plus dévastateurs pour le prochain, aussi... Voire pour soi-même.
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Écrit par : Phylloscopus / | 21/08/2013

PP,

> Je vous rejoins sur l'idée que ce personnage est un modèle de vie et de comportement pour les spectateurs. Ils sont aussi invités à ne pas penser et c'est présenté comme positif.
Je crois que vous avez mis le doigt sur une forme de police de la pensée. Ce modèle de comportement ne se limite pas au film. Chaque publicité me dit la même chose. Chaque fête, soirée, discothèque me dit la même chose. Le "binge-drinking" relève de la même idée.

Nous sommes invités à devenir des masses de viande avec des sensations. Du bétail pouvant être conduit où les plus gros profits sont à faire.

Ce n'est pas un complot, juste l'application de cette morale que si ça rapporte c'est bon et si ça coûte c'est mal. L'Eglise, là au milieu, ne passe pas.
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Écrit par : DidierF / | 21/08/2013

TWEETS SUR CETTE NOTE

> Let's Comment ‏@LetUsComment 56 min
.@dePLUNKETT1 Merci.
C'est exactement ce que je me suis dit en entendant la promotion du film sur les ondes..

> Mzee Jean ‏@JeanDuma1 54 min
. @LetUsComment @dePLUNKETT1 juste un autre version de la Dolce Vita, sans le talent de Fellini

> Ph. de St-Germain ‏@PhdeStGermain 13 min
@dePLUNKETT1 La lecture du scénario du film "Jeune et Jolie" fait en effet froid dans le dos. Les fantasmes bobos sont sans limite.

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Écrit par : tweets / | 21/08/2013

> Du néant des nantis.
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Écrit par : Anne Josnin / | 21/08/2013

PRESTATAIRES

> A rapprocher de l'actualité judiciaire relative à un ancien ministre: Il faut bien conditionner, par cette sous culture, la chair fraîche à être prestataire de service à ces gens là.
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Écrit par : Pierre Huet / | 21/08/2013

IDEOLOGIE

> cette idéologie que vous décrivez si bien s'affronte - parfois frontalement parfois subtilement- à la recherche de l'amour permanente chez les jeunes ... et les moins jeunes :
idéologie d'agence (l'expression est très juste) contre anthropologie humaine.
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Écrit par : stevenson / | 21/08/2013

AU NOM DE QUOI

> Idéologie libérale libertaire: pourquoi se priver de revenus conséquents alors que donner son corps est sans aucune conséquence morale ? Au nom de quoi freiner cette jeune fille ?
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Écrit par : Ludovic / | 21/08/2013

LE SUJET POSTMODERNE

> Ce film est le symptôme de la fragmentation du moi, incapable de s'engager dans un projet de vie - bon ou mauvais - qui soit porteur d'une cohérence et d'une signification quelconques. Le sujet postmoderne, qui ne lie plus passé, présent et futur, évolue dans une sorte de présent perpétuel. Dans les années 80, Frederic Jameson avait déjà posé le diagnostic.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 21/08/2013

LOGIQUE CULTURELLE DU CAPITALISME TARDIF

> Le "mariage pour tous" s'explique aussi par le refus que des enfants puissent s'inscrire dans une histoire et une généalogie, et qu'une telle inscription soit nécessaire à leur bon équilibre.
A mon avis Jameson a raison quand il soutient que le postmodernisme, - qu'il décrit comme "la logique culturelle du capitalisme tardif" - se caractérise par "l'affaiblissement de l'historicité", sur le plan aussi bien de la durée vécue que de l'histoire collective.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 21/08/2013

> Je dirais plutôt : "Ne rendre de comptes à personne, même pas à soi-même".
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Écrit par : Théophile / | 21/08/2013

RELATIVISME

> Pour rebondir sur la notion de Relativisme évoqué par Phylloscopus et faire écho à ce médiocre film, on pourrait dire que le relativisme c'est être libre dans son corps mais pas dans son esprit. N'oublions pas aussi que Benoît XVI en a dénoncé les méfaits tout au long de son pontificat.
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 21/08/2013

LA NOTION DE PERSONNE

> Classiquement deux conceptions de la notion de personne s’affrontent (notons au passage que le concept de « personne » n’est pas philosophique) :
1) Une personne se définit soit comme « une conscience de soi incarnée » (tout être qui n’a pas une conscience de soi n’est pas une personne, i.e. nourrisson, handicapé mental, dément … cela reprend la démarche utilitariste d’un Peter Singer, entre autre, qui tend à s’imposer dans le sillage de l’idéologie anglo-saxone.
2) Soit comme « une substance incarnée douée d’une conscience de soi » (la personne est donc l’être dont la dignité lui est conférée par sa substance et non par la conscience qu’elle peut en avoir), dans le sillage de Boèce, saint Thomas d’Aquin, mais aussi Husserl, Karol Wojtyla …
Or ici il ne s’agit même plus de cela puisque même la notion d’être sensible disparait, l’émotion devient caduque et encombrante, seul compte l’usage, l’être humain est réifié !
La publicité commerciale prend le pas sur la raison, le degré zéro de la réflexion devient la norme, l’individu ne vaut que par sa seule, et éphémère utilité, consommons, rejetons, rien d’autre n’est important, demain n’existe pas et la souffrance, comme la joie ne sont que des leurres dont il faut s’affranchir, quant à l’amour … mais, qu’est-ce encore au juste ?.....
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Écrit par : Albert E / | 22/08/2013

BACHELOT + JONATHAN

> Autre symptôme: http://video.lefigaro.fr/figaro/video/roselyne-bachelot-guest-star-du-nouveau-clip-de-joyce-jonathan/2621818337001/
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Écrit par : Jov / | 22/08/2013

RELATIVISME = RIEN

> 1. En disant qu'il n'a rien à dire d'autre que le fait de n'avoir rien à dire - et que son film ne dit rien - il ne dit rien d'autre en effet que : je n'ai aucun compte à rendre à quiconque.
C'est la définition même de l'irresponsable qui sommeille dans l'adulescent contemporain.
2. De Phylloscopus : " quel terrifiant, quel totalitaire ordre moral que ce dogme qui interdit de porter un regard positif ou négatif sur les comportements". Cela me rappelle le commentaire de Finkielkraut à qui l'on demandait de commenter l'élection du "dogmatique" Ratzinger :
"C'est positif qu'il soit attaché au dogme : il n'y a pire dogme que le dogme de l'anti-dogme".
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 22/08/2013

@ guillaume

> "alors vous voudriez que je sois comme ces gens qui n'ont rien à dire et qui le gardent pour eux ? eh bien non ! moi, quand je n'ai rien à dire je veux que ça se sache !"

Raymond Devos
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Écrit par : E Levavasseur / | 22/08/2013

CONTEMPORAINE

> Ozon n'ose pas grand chose, et j'eusse aimé voir le même film... avec un garçon pour cobaye.
Allez, mettons les pieds dans le plat. Ce cinéma d'époque n'est jamais qu’un portrait de femme actuelle, certes un peu idéalisée... Une femme actuelle dont la presse féminine reste l'autoportrait le plus fidèle. Or l'abondance comme le succès d'une telle "presse", voire d’un tel cinéma, nous disent ce que l'occidentale moyenne a dans la tête : RIEN.
La sous-culture consumériste se met tout simplement au diapason de son public – de plus en plus féminin, en fait féminisé. Que les femmes commencent par se respecter elles-mêmes, et ce genre de navets tendance disparaitront de soi.
A votre avis, pourquoi la féminisation – ainsi que la lutte contre l'homophobie – est-elle devenue, dans tous les domaines, l'ultime "feuille de route", comme on dit, du Pouvoir...? Réponse : parce que le beau sexe – quoi qu'il en ait – préfère d'ordinaire le psychologisme à la logique, la passion à la lutte et la séduction à la citoyenneté. Le Pouvoir vieux, moche et cynique aime donc la femme jeune, belle et rebelle... (Notez, en l’occurrence, le film d’Ozon, que le Pouvoir riche ignore la femme pauvre chère à Léon Bloy ; cette Louise Michel un peu trop virile... et consciente comme l'étaient nos bonnes vieilles provinciales à poils et à valeurs...) Ce n’est que depuis que la révolution est forcément un crime, que la belle est toujours rebelle – ô assommants leitmotive ! A se demander si, entre le prolo de plus en plus délocalisé et l’immigré de moins en moins « différent » (intégriste), la jeune fille libérée, c’est-à-dire consensuelle, n’est pas devenue à son insu l’ultime espoir d’un Pouvoir éternellement bête et méchant...
Je sais, Mesdames : ça fait mal, mais j'attends toujours qu'on me démontre le contraire ! Que la féminité n’est pas essentiellement pesanteur, plutôt que grâce : frivolité, plus que sérieux ?
« La femme est plus opiniâtre que l’homme, mais elle a moins le sens de la justice. » (Freud)
« Plus amère que la mort est la femme. » (L’Ecclésiaste)
Ceci dit en tout amour des femmes : il va sans dire...
Guit'z


( PP à Guit'z - Difficile de soiutenir que la névrose de prostitution inventée par Ozon (tarifée alors que le personnage n'a pas besoin d'argent) serait une caractéristique de la femme contemporaine. Vous ne seriez pas un tout petit peu misogyne, sur les bords ? )

réponse au commentaire

Écrit par : Guit'z / | 23/08/2013

à PP

> Bien sûr que notre ami Guit'z est misogyne... Mais si j'osais, je dirais que le misogyne est pour la femme le meilleur amant, parce qu'il la comprend et, partant, sait ainsi plus parfaitement la contenter et s'attacher ses faveurs. Il est fidèle parce que raisonnable : une seule femme suffit à l'épreuve de sa patience et il ne lui viendrait pas à l'idée, en prenant maîtresse, de batailler dans la tranchée de deux hystéries rivales.
Si j'osais, je dirais cela... Mais bien sûr je n'ose pas :-)
GP

[ PP à GP - Houlalala ! Il est temps que nos amies vous répondent... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Guillaume de Prémare / | 23/08/2013

@ PP

> Oui il est temps, en effet. Exceptée Anne, très brièvement, il n'y a que des commentaires d'hommes sur ce fil à la thématique féminine. Mais les femmes aiment se laisser désirer. Les provoquer un chouïa est peut-être une manière d'exprimer ce désir de leur présence...
Mesdames ?
GP

[ PP à GP - Comme disait Me Vergès à Carlos, n'aggravez pas votre cas ! ]
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 23/08/2013

@ Guillaume

> dis donc tu veux que j'envoie le lien de ce post à Perrine ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 23/08/2013

INTERDIT

> Typiquement moderne de ne pas réfléchir, car réfléchir c'est discriminer, et discriminer est interdit aujourd'hui.
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Écrit par : Ludovic / | 23/08/2013

@ Guit'z

> "femme actuelle, certes un peu idéalisée"... ouais, dans le milieu qui dirige le pays, mais en connaissez vous beaucoup ailleurs qui iraient se prostituer pour se démontrer leur autonomie? Non, elles sont fidèles, même quand elles ont des fidélités successives.
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Écrit par : Pierre Huet / | 23/08/2013

@PP

> Comme je n'ambitionne pas un destin à la Carlos, je vais éviter d'aggraver mon cas et suivre ainsi le conseil de PP !

@Eric

> Ah mais Perrine dit bien pire que moi !
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 23/08/2013

D'ANNE

> Bonsoir Messieurs, qu'une jeune et jolie demoiselle met dans un tel émoi: rien de bien nouveau finalement :-)
Les fantasmes d'Ozon ne m'intéressent pas, et ce vieux fond de "culpabilité judéo-chrétienne" qu'il tente d'évacuer (fou ce que cela revient toujours!!) en imaginant pour cela la prostituée idéale: une conscience de poupée gonflable dans le corps chaud d'une vraie femme, c'est son problème. Ne lui en déplaise, les femmes ont une âme.
Pour l'heure je serais plutôt du genre de la femme Perrier (la publicité qui passe en ce moment), toutes griffes dehors dès lors que l'on touche aux miens, et oui je revendique haut et fort mon sens maternel et ma sensibilité d'amoureuse. Si cela nous empêche d'être justes que d'être passionnées? Et pourquoi pas une justice sans avocats? -Cher Guillaume, à vous!
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Écrit par : Anne Josnin / | 23/08/2013

Bonjour mes amis,

@ PdeP :

> La femme actuelle ne s’identifie certes pas à l’obscène simulacre de prostitution de la jeune et jolie écervelée d’Ozon, mais à son érotisme diluvien (n’en déplaise à Baudelaire, il y a là une nuance !) Ce dont, encore une fois, témoignent ses loisirs ; loisirs dont la presse féminine n’est que l’affligeant catalogue : lingerie, déco, pipole, diététique, astrologie… Presse qui se vend si bien que seule une poignée de femmes héroïques autant qu’hérétiques déploreront la justesse de mon constat. « La femme est aussi rare que l’homme », écrivit Yourcenar.
Non, je serais misogyne si j’étais un donjuan ; ce qu’à Dieu ne plaise. Cela dit, comme vous j’aime heurter de plein fouet la culture dominante ; un menu plaisir aujourd’hui facile : tout y incite l’honnête homme, à qui d’ailleurs on ne manque pas d’en faire grief. C’est de bonne guerre. N’empêche : la culture dominante accuse de misogynie celui dont la vision sociale embrasse d’un même geste critique l’homme et la femme ; c’est cette incohérence qu’il faut élucider. Les femmes s’en plaignent assez : les hommes ont le pouvoir… d’où vient qu’elles s’y soumettent complaisamment ?

@ tous… et toutes :

> J’affirme qu’idéaliser la femme et surtout la féminité revient à éluder son humanité. Humanité commune aux deux sexes entachés de mille imperfections ; imperfections fondant leur complémentarité, et en quoi consiste leur dignité ; l’éminence de notre espèce s’appuyant sur l’égale relativité des genres. Absolutiser l’un ou l’autre, comme le Pouvoir nous y incite depuis Mai 68, c’est ruiner l’ordre social, et même anéantir l’ordre mystique du monde. Sur ce point, hommes ou femmes, puisque catholiques, nous sommes d’accord j’imagine ?
J’affirme aussi que pointer l’origine politique de cette mutation culturo-sociétale qu’est la féminisation, ne peut suffire à la contrecarrer : non, il faut aussi considérer la conscience féminine (le processus de sa structuration) et, ce faisant, admettre que la féminisation générale n’est pas moins précipitée par le cynisme du Pouvoir… que par la candeur intrinsèque de la féminité. Comprendre que détrôner le Phallus est certes l’intérêt d’un Pouvoir que la crise incline à jouer le troupeau narcissique (tous hystériques comme des jeunes filles pendant les soldes !) contre le « guerrier philosophe » (historiquement, la « démocratie » fut inventée par l’Athénien révolté contre l’Oligarchie, et l’hoplite instauré pour la garantir) ; réciproquement, comprendre que le « Clitoris au centre du monde » est l’allié spontané du Pouvoir dans ce travail de sape visant moins à corriger d’hypothétiques injustices naturelles qu’à perpétuer coûte que coûte de concrètes inégalités sociales. Comprendre, en somme, que la lutte contre le néant vaginocratique de Caroline Fourest et ses copines n’est que la lutte pour la conscience et la morale de l’homme… et que cette lutte humaniste entre toutes dépend désormais des femmes !
Comprendre que la féminité juvénile des pubs est l’idiote utile du Pouvoir (par essence masculin et gérontocratique), implique donc de comprendre la psyché féminine – en s’appuyant moins sur la tradition philosophique (incontestablement misogyne), que sur la psychologie moderne dont le triangle œdipien de Freud a bien décrit le mécanisme (la théorie freudienne si prisée des femmes – Lou Salomé, Marie Bonaparte, et toutes les bourgeoises psychanalytiques –, pertinente s’agissant du monde intra-œdipien de la famille, échouant elle-même à appréhender le social, comme en témoigne le très nul Malaise dans la civilisation). Pour faire court, la psyché féminine, sous-tendue par l’absence de meurtre du père, s’avère donc moins encline à la transgression et, faute d’une telle rupture et du saut catégorique qu’il impose, se meut à l’intérieur d’un ordre de représentations et d’une catégorie mentale uniques qui constituent à la fois sa sensibilité et son entendement : le tout psychologico-affectif. La conscience féminine consiste donc essentiellement en une sensibilité : un mode de représentation du monde surdéterminé par l’affect, induisant une interprétation tendanciellement sentimentale et psychologisante (« intuitive », disent-elles) des phénomènes humains (le social comme effet de « l’amour » plutôt que de la « guerre », des rapports de « séduction » plutôt que des rapports de « production »). Soit une réduction psychologiste pour le moins inconséquente, puisqu’elle tend à évacuer le social pour le comprendre en valorisant l’affectif qu’elle prétend dépasser ; psychologisme intrinsèque de la femme, certes fonctionnel en regard son destin de mère (puisqu’il lui permet de passer sans heurt d’une famille à l’autre), mais dysfonctionnel eu égard à son destin de citoyenne, sinon à ses prétentions éventuelles à la pensée (le tout psychologico-affectif réduisant peu ou prou sa vision du social à une simple extension des rapports familiaux ou intersubjectifs). Ce schéma œdipien (très, trop succinctement résumé) formant, bien sûr, une armature plus ou moins souple, un continuum physiologique ouvert aux ingérences du caractère propre de la femme et des circonstances extérieures. Si bien que, a priori peu portées vers l’étude des sciences dures (comme l’attestent les statistiques, et quoi qu’en aient les féministes paritaires), certaines femmes d’exception deviennent parfois Marie Curie ; plus rarement Kasparov ! (La réciproque est vraie, d’ailleurs : votre serviteur, par exemple, ayant mal vécu l’arrachement à sa forte mère et devenu hypersensible vers l’âge de 16 ans, étudia pour sa part les Lettres… où il ne fréquenta que des filles.) En clair, et pour conclure : les filles (n’en déplaise à Aristote) peuvent certes accéder à la pensée rationnelle… mais c’est déjà très dur pour les garçons, et ça l’est davantage pour elles… Qu’il soit dorénavant interdit de le dire ne change rien aux faits : la recherche turque est la plus féminisée d’Europe, c’est la plus médiocre ; la recherche allemande est la moins féminisée, et compte le plus de Prix Nobel.
« Le monde n’est pas partagé entre les bons et les mauvais, mais entre les riches et les pauvres », a dit Jean-Paul II. Ainsi, comme le gentil bourgeois (cf. l’hilarant Le Désarroi esthétique, de Pierre Carles) prend sa tiédeur pour la température du monde (et son pouvoir d’achat pour un QI de droit divin), l’éternel féminin prend la pureté de son cœur pour une raison suffisante : d’où leur commune inintelligence des rapports sociaux ; lesquels procèdent de ces conflits objectifs, séminaux, que sont les rapports de production, c’est-à-dire les rapports de classe. Conflits de classe à l’origine du politique – comme le travail est l’origine du monde social. Conflits politiques de nature socio-économique à la fois nécessaires (Capital versus Travail) et réversibles (par la lutte collective), que le gentil bourgeois prend pour une fatalité naturelle (la Bourse = la météo) et l’éternel féminin pour un raté de la Providence (la charité = la justice)… Dès lors, on comprend pourquoi « l’étudiante gauchiste de bonne famille » incarne le maximum de sottise politique et même d’inconscience morale que puisse accumuler un être humain… et pourquoi le Pouvoir aime tant son humanisme si sentimental – sa ravageuse féminité ! Or, n’en déplaise à celle-ci, l’antiracisme ni le mariage Gay n’ont jamais nui au Capital – et pour cause : avec Bergé et Goldman Sachs, comme on vient de le vérifier, il en est le sponsor.
Innombrables désirs d’émancipation narcissique, qui sont autant de mensonges de classe – de stratégies vénales ou manipulées de l’inconscience ! Ce que les féministes socialistes, telles Flora Tristan ou Louise Michel (avant Beauvoir et son existentialisme mondain), perçurent d’instinct – refusant dès lors d’opposer la dignité de la femme à celle de l’homme, pour assimiler la dignité de la Mère à celle du Travailleur, leur mari pour le meilleur et pour le pire. Soit un juste combat pour l’égalité dans l’amour, indistinct du combat pour la justice dans le monde. Un combat authentiquement progressiste, auquel nos bourgeoises de gauche ne comprirent jamais rien (cf. Elisabeth Badinter fantasmant un homme féminisé au 18ème siècle : quelle cruche celle-là !), et dans lequel nos bourgeoises catholiques eurent le tort, elles, de voir un attentat contre la Tradition.
Bref, interdite de réfléchir, la jeune et jolie femme… ou juste empêchée par elle-même ? Aussi sûr que l’homme est un loup pour l’homme, la femme est un ange pour la femme – or qui veut faire l’ange… Ni phallocratie, ni vaginocratie, donc – mais conscience et justice ! Afin que cet amour universel autant qu’indéfinissable, en quoi la spiritualité classique et la psychologie moderne s’accordent à reconnaître l’origine du monde, en devienne enfin la finalité – notre destin à tous et à chacun.
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Écrit par : Guit'z / | 24/08/2013

MY DAY

> J’ai une explication pour Guillaume. Il y a certes des signatures féminines chez PP. Pas toujours prolixes, il est vrai, en dehors de notre sœur Anne (qui nous voit venir) et de la nouvelle venue sur ce blog, Haglund, qui joue les tatas flingueuses.
Sur celle-ci, précisément, qui semble rechercher systématiquement le choc frontal (je la salue en passant). Ne s’adapte-t-elle pas au milieu ? Car il faut bien le reconnaître : PP a un côté Clint Eastwood (dont je suis personnellement fan) et certains de ses habitués dissimulent mal leur facette « tonton flingueur » (à commencer par votre serviteur)… Ne serait-ce pas cela qui intimide matrones et donzelles à l’heure où Guillaume les invite à entrer dans la danse – sur ce fil de discussion ?

D.

[ PP à D.:
- Dire à une lectrice "make my day" risquerait d'être pris à contresens.
- Si vous pointez les signatures sur plusieurs semaines, vous constaterez que les lectrices existent. Mais vu le ton 'alcestien' de la prise à partie Guit'z + Guillaume, je ne suis pas sûr qu'elles aient très envie d'intervenir ! ]
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Écrit par : Denis / | 24/08/2013

OZON

> Allez, une femme vous écrit…
Pour le film d'Ozon, que je ne verrai pas…il semble que ce soit tout simplement un mauvais film. Sinon…son scénario me rappelle furieusement un chef-d'œuvre, où la prostitution révélait à elle même une femme, en faisant craquer le couvercle d'un ordre bourgeois étouffant, et déchaînait des forces cruelles et oniriques…c'était "Belle de Jour", de Bunuel. Arrêtez de tout faire passer par le filtre culture-libérale-absence-de-repères…c'est creux.
Pour le reste…les amphigouris virils sont ici de bien indigestes tartines para-zemouriennes. Comme j'aime beaucoup les hommes, je ne peux m'empêcher de ressentir un peu de compassion. Quels ravages ont causé les 40 dernières années, dans les braguettes un peu fragiles…
Assurément, je mets Plunkett en dehors du lot. Son aisance ne trompe pas : comme on dit, il n'a dû rencontrer guère de cruelles, et traverser assez bien même la période du féminisme le plus enflammé. Jusqu'à sa conversion, bien sûr…
H.

[ PP à H. - Vous me faites, Madame, un excessif honneur. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Haglund / | 25/08/2013

@ PdeP

« Mais vu le ton 'alcestien' de la prise à partie Guit'z + Guillaume, je ne suis pas sûr qu'elles aient très envie d'intervenir ! »
Alcestien… mon Dieu, serais-je donc un butor ? Ah, qu’il est difficile d’être un peu sérieux… sans se prendre au sérieux ni passer pour tel ! :-)

@ Haglund
Est-ce une vue de l’esprit ? Je me sens visé par vos propos… C’est drôle. La façon même dont vous vous exprimez – péremptoirement, par allusions et sur le ton de l’air entendu – me parait confirmer tout ou partie des miens. Qui ne sont d’ailleurs pas les miens : je n’ai rien inventé. J’ai juste un peu vécu, aimé, souffert, comme j’ai un peu lu, observé, médité. Fort de ce léger bagage, j’essaie de faire mes petites réflexions, le moins indignement possible. Parfois je succombe à la vanité d’en faire part aux autres, au risque d’être ridicule. Je ne crois pas être le seul, notamment sur ce blogue.

Reprenons-vous.
« Arrêtez de tout faire passer par le filtre culture-libérale-absence-de-repères…c'est creux » : ben si vous le dites alors…
« Pour le reste… les amphigouris virils sont ici de bien indigestes tartines para-zemouriennes » : analyse… ou chantage ? Zemmour est un macho qui ne dit que des bêtises… CQFD.
« Quels ravages ont causé les 40 dernières années, dans les braguettes un peu fragiles… » : euh, on dirait du Zemmour pas étayé. J’ajoute qu’aussi vite dit… le constat vaut pour les strings !
« Comme j’aime beaucoup les hommes » : je persiste et signe ! L’amour, ou l’ultima ratio des femmes… et c’est tout le problème, politique parlant ! Figurez-vous que j’aime beaucoup les femmes ; mais ça ne fait pas avancer le schmilblick. Aussi n’est-ce pas de la compassion que m’inspirent les tartines amphigouriques des plus émotives.
« Je mets Plunkett en dehors du lot. Son aisance ne trompe pas : comme on dit, il n'a dû rencontrer guère de cruelles, et traverser assez bien même la période du féminisme le plus enflammé » : encore et toujours cette réduction psychologiste ; propension viscérale des dames constatée par tous ceux qui essayèrent de les comprendre de l’Antiquité à Mai 68 (sans leur donner toujours la parole il est vrai) ; propension dont le mécanisme est parfaitement décrit sinon même l’origine élucidée ; que vous peinez manifestement à saisir pour être vous-même en plein dedans ; et en vertu de laquelle il vous échappe que notre hôte est, tout simplement, d’une irréprochable civilité ; qualité ne décelant aucun élément de son parcours affectif au temps du féminisme flamboyant, comme l’indique sa réponse, juste une saine disposition à vivre en bonne intelligence avec autrui !
Bref, chère Haglund, nous autres « braguettes perturbées » serions ravies d’échanger avec vous… si vous nous donniez matière à le faire.
Très cordialement,
Guit'z

[ PP à G. - Mais Alceste n'est pas un butor ! c'est un misanthrope, ce qui n'est pas la même chose... Et la misanthropie est une sérieuse tentation ces temps-ci.]

réponse au commentaire

Écrit par : Guit'z / | 25/08/2013

@ PdeP :

> Cher hôte, tout à fait d'accord s'agissant de la tentation misanthropique ambiante.
Cependant, je crois discerner bel et bien du butor chez l'éloquent Alceste, dans la mesure où son idéalisme, qu'il croit blessé quand lui-même n'est qu'imbu de sa propre vertu sans flegme ni douceur, le pousse à refuser, non seulement tout compromis avec le monde, mais aussi toute espèce de concession à la vie sociale. De sorte que, prisonnier de sa pureté comme le monde l'est de ses mauvaises pensées, il s'autorise envers les autres toutes les mauvaises manières, et même les procédés les plus grossiers. Le sublime délirant de son cœur, fait de lui un individu ridicule et volontiers fruste. Ce que Philinte, à juste titre, pour le ramener au sens commun, ne manque pas de lui reprocher (à la fin de l'acte 1, ou au début de l'acte 2, si je me souviens bien).
C'est donc à dessein que je me suis "traité" moi-même de butor... histoire de détendre un peu l'atmosphère ! :-)
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Écrit par : Guit'z / | 25/08/2013

ABSURDE

> Pour en revenir au film, le cinéaste est un homme. Nous n'apprendrons pas grand chose sur la psychologie féminine. Mais nous sommes un peu plus renseignés sur les fantasmes personnels de François Ozon.
Que la prostitution puisse être indifférente à la personne qui s'y livre; qu'une telle activité, pour citer le synopsis, relève d'un banal « passe-temps », voilà qui est profondément absurde et contredit la réalité vécue. On dirait du Michela Marzano porté au grand écran.
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Écrit par : Blaise / | 26/08/2013

IRIS MURDOCH

> En relisant la percutante description par P.P. d’une société qui « pousse l'individu à s'émietter en pulsions sans rien chercher à comprendre », je ne peux m’empêcher de penser à Iris Murdoch qui lui fait écho :

« Il est certain que le statut du choix devient différent si l'on se représente le monde comme s'offrant compulsivement à la volonté et si l'on pense que son discernement et son exploration sont un travail de longue haleine. » (Iris Murdoch, "La souveraineté du bien", Editions de l’Eclat, 1994, p. 54)

Ozon adhère visiblement à la première alternative, c’est-à-dire une conception dans laquelle les choix humains sont régis par le seul arbitraire de la volonté. Murdoch le souligne, pour ce genre de philosophie « Il n'y a pas lieu de parler de " perception morale " puisqu'il n'y a rien de moral à percevoir. Il n'existe pas de vision morale. Il n'y a que le monde ordinaire, vu par la vision ordinaire, et la volonté, qui se déploie dans les limites de ce monde. » (Ibid., p. 49)

Murdoch remarque finement ce qu’a d’intenable une telle conception : « Je ne peux choisir qu’au sein du monde que je peux voir, au sens moral du verbe " voir ", lequel implique que la vision claire des choses est la résultante d’une imagination et d’un effort, eux-mêmes de nature morale. […] l’exercice de notre liberté, loin d’être un saut grandiose se jouant des entraves aux moments importants, est une tâche minuscule et continue s’accomplissant par bribes. La vie morale est, dans une telle perspective, quelque chose dont le déroulement est continu, et non un processus qui s’interromprait dans chaque intervalle entre des choix moraux explicites. » (Ibid., p. 51-52)

Le problème, c’est que la critique de Murdoch n’est tout simplement pas audible pour un esprit libéral. Comment ce dernier accepterait-il, en effet, que les actes humains soient déterminés par d’autres actes posés antérieurement ; que les décisions de l’homme soient générés non par des choix compulsifs et sans lendemains, mais par un laborieux travail d’attention à des valeurs et des principes « moraux » réellement structurants pour la personne ? Pour un libéral conséquent, il n’y a ni unité de vie ni rationalité des actes qui tienne, cela remettrait en cause sa vision – erronée – de la liberté humaine.

François Ozon ne nous dit rien sur la femme ou l’adolescente contemporaine ; par contre il nous renseigne sur sa propre philosophie de la vie, largement dominante à l’heure actuelle, dans notre société capitaliste.
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Écrit par : Blaise / | 26/08/2013

SOMBRE PRONOSTIC

> Figurez-vous, tout simplement, si vous le pouvez messieurs dames, que nos jeunes, garçons y compris, sont tout simplement vicieux, en plus de n'avoir rien dans la tête. De bonne famille ou pas, leur intérêt se résume au sexe, à la défonce et au pognon (facile, de préférence). Je ne donnerai pas d'exemples, quoique ça me démange, mais c'est une réalité qui fait froid dans le dos. Mon ex-prof de philo, avec 4 ans de recul, suite à quelques faits divers dans ma ville, et au plan national, s'est trouvé profondément atterré après que je l'eusse donc précédemment surpris et laissé sceptique. Les faits rejoignaient notre échange. Un tel film ne devrait du coup, guère le surprendre sur les "potentialités" de ses élèves. Les familles, au sens anthropologique du terme, n'existent plus guère. D'ailleurs, dans notre jargon administratif, on ne parle pas de familles, mais de foyers !
CH

[ PP à CH - Un bien sombre pronostic, ainsi généralisé ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : christ hope / | 26/08/2013

MOBILE

> Pas de mobile à cette attitude ?
Si !
Il me semble que si : le mobile ne serait-il pas révélé dans ce qui écrit "... suite à un premier rapport avec un inconnu sans plaisir sur une plage ..." (je n'ai pas relu mais ça doit être à peu ça) .
Ce fait nous apprend que cette jeune personne n'avait pas dû être bien éduquée sur ce le fait de ce qu'est une relation : l'union des corps est la cerise qui est sommet de la pyramide d'une relation. Si l'on passe outre aux étapes précédentes, on ne prend pas un raccourci ; mais perverti ce qui est beau, devrait s'inscrire dans qq chose de durable, en un trop court instant de vie, après lequel il ne reste qu'errance(s) voire désespérance.
Dès le départ nous avons une personne qui se découvre un corps sans que personne ne l'y ait préparé.
On dit aussi que ses proches ne comprennent pas son attitude.
Que ne l'ont-ils préparée à devenir femme ? Fallait-il qu'elle se marginalise pour que son entourage se pose, lui pose questions ?
Une enfant laissé à la dérive, voila sinon le mobile, du moins une explication à son attitude.
En ces temps où l'on tente de construire une société où l'on décrète que tout doit se regrouper sous le même vocable, où l'on décrète que toute valeur se vaut, ne construit-on pas une société de jeunes à la dérive ?

Écrit par : franz / | 27/08/2013

à Christ Hope :

> vous exagérez beaucoup, me semble-t-il : entre mes années de bénévolat au secours catholique et les stagiaires que nous recevons tous les ans (je travaille dans une toute petite boîte, nos stagiaires ne sont pas de vagues silhouettes mais des jeunes gens avec qui nous déjeunons et que nous formons chaque jour, nous les connaissons bien : certains reviennent nous rendre une petite visite régulièrement pendant des années), j'en ai vu et j'en vois, des gamins de 12 à 25 ans, des deux sexes et de tous les milieux. Et votre dramatique constat, ce n'est vraiment pas l'impression que j'ai. On croise parfois des loulous bizarres, mais l'écrasante majorité n'a rien qui fasse peur. Il me semble même que la proportion en augmente que le monde dans lequel ils deviennent adultes révulse. Et je commence même à en voir changer effectivement de vie, dans le sens notamment de la sobriété et de l'anti-consommation. L'air frais et la frugalité commencent à exercer une attraction. Cela dit, je n'en tirerai aucune affirmation générale, ce ne sont que des impressions, des observations. Pas une enquête approfondie.
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Écrit par : Christian / | 27/08/2013

NAVET HABILE

> Fichtre !
Pour moi ce film me semble avoir tout d'un navet habilement commercialisé grâce à une campagne de pub bien menée.
Naturellement c'est - aussi - un film de propagande pour influencer les femmes dans leur comportement. Pour être reconnues "libres" dans la société mercantile actuelle, elles doivent se réduire à être un objet de jouissance sexuelle pour les hommes qui les achètent.(Peut-être le réalisateur n'a-t-il pas les succès qu'il voudrait avec le beau sexe ?) J'espère que les femmes ne seront pas trop nombreuses à tomber dans le panneau et à se laisser manipuler ainsi.
Quant à la psychologie de l'héroïne, je pense qu'on pourrait la décrypter ainsi. Influencée par la mentalité ambiante, elle a cru se libérer en vivant une expérience sexuelle. Naturellement, il n'en a rien été et comme cette fille a soif d'absolu, elle sait au fond d'elle-même qu'elle s'est fourvoyée. Mais comme elle n'envisage pas de rédemption possible, le poids de la culpabilité est trop lourd à porter. Alors elle tente de s'autopersuader qu'une sexualité débridée est effectivement le nec plus ultra. D'autant que cela rapporte financièrement, ultime critère social définissant ce qui est "bien".
Cela étant, je serais très contente si d'autres femmes donnaient leur lecture personnelle du thème de ce film.
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Écrit par : Barbara / | 27/08/2013

@ Barbara

> Oui, ce qui me frappe c'est le sens qui est donné partout à l'expression "une femme libre" : ça veut dire qu'elle couche partout !
Et ce déséquilibre affectif est présenté comme positif, comme une revanche.
Une revanche contre qui ? la société ? justement non, elle est érotomane ! en sorte que la "femme libre" est au contraire soumise.
Comme si l'objectif pour la femme qui ne veut pas rater sa vie était de ressembler à "Emmanuelle"
Les films érotiques & pornographiques sont présentés comme des manifestations de liberté pour la femme alors qu'ils sont des accumulations de fantasmes masculins.
Pas plus réac que l'érotomanie !
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Écrit par : E Levavasseur / | 27/08/2013

NON-SENS

> A vrai dire, qu'ajouter de plus à tous ces commentaires ? Ce film, comme notre société, sombre dans le non-sens et l'autodestruction. On peut chercher toutes les explications psychologiques qu'on voudra, c'est surtout l'effet d'un manque d'Espérance. Quand il n'y a plus rien à espérer de personne, pas même de soi, il ne reste qu'à s'immerger dans la recherche frénétique du plaisir.
La vraie liberté, de la femme comme de l'homme, vient en creusant notre "puits intérieur" jusqu'à faire jaillir la Source présente au fond alors que nous ne le savions pas. Mais il faut plonger en profondeur, bien loin de la surface agitée par nos émotions.
Les femmes en sont tout autant capables que les hommes, sinon plus : comme le disait Jean-Paul II, "sentinelles de l'Invisible".
Ma vraie surprise à chaque fois, ce n'est pas de découvrir que la société ne connaît pas la vie intérieure et l'espérance. Ma vraie surprise est de découvrir si souvent des catholiques se souciant si peu de vie intérieure. Si le sel s'affadit... pas étonnant que nos contemporains en aient perdu jusqu'au goût.

(une femme de plus à contribuer sur ce post)
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Écrit par : Pema / | 27/08/2013

@ Pierre Huet

> L'article dit que les collégiennes ne seront pas poursuivies pénalement.

Et les clients, dans tout ça ?
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Écrit par : Feld / | 14/09/2013

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